Histoire


 

Le collège Saint-François-Xavier a été fondé par les Pères Jésuites en 1850 grâce à la loi Falloux qui permet la liberté de l’enseignement. 

Le 15 octobre 1850, le Père Pillon ouvrit l’établissement dans l’ancien couvent des Ursulines propriété des jésuites, depuis 1838. Le collège accueillait près de 250 élèves, tous externes, souvent d’origines modestes. Rapidement, l’internat fut instauré, avec des travaux dirigés par l'architecte Charier (1852-1854). Le collège comptait alors 400 élèves, dont 272 internes.

Cette même année 1854, fut achetée la lande de Penboc’h sur la commune d’Arradon. Ce terrain aménagé et bâti au fil des années, situé sur les bords du golfe du Morbihan, devint un lieu de promenades et de retraites pour élèves et professeurs. L’enseignement s’articulait autour des principes jésuites : culture humaniste, instruction religieuse, exercices physiques et artistiques, notamment musique et théâtre.

 

L'âge héroïque et les guerres

Le collège eut l’occasion de se distinguer lors de l’envahissement des États Pontificaux à l’époque de l’unification italienne. Entre 1860 et 1870, cent vingt élèves ou anciens élèves s’enrôlent dans l’armée pontificale. Le Pape Pie IX dira : "Le collège Saint-François-Xavier de Vannes… Ah ! de tous les collèges de France, c’est celui qui m’est le plus cher, car aucun ne m’a donné autant de défenseurs !" Durant la guerre de 1870, le collège servit de caserne et d’hôpital.

Après la guerre, les travaux de la nouvelle chapelle, dirigés par le Père Tournesac, furent achevés et consacrés le 22 juin 1873 par Mgr Bécel, évêque de Vannes, sous le vocable de Saint-François-Xavier. Le collège connut une période de prospérité jusqu’en 1880, lorsque les décrets interdirent l’enseignement aux congrégations religieuses. Grâce à un ancien élève, le Comte de la Villeboisnet, avocat à la Cour d’appel de Paris, un statut juridique inattaquable permit au collège de continuer à fonctionner malgré l’expulsion des Jésuites sous la IIIᵉ République.

Pendant la Grande Guerre (1914-1918), le sud des bâtiments fut réquisitionné pour servir d’hôpital militaire. Les anciens élèves payèrent un lourd tribut à la défense de la patrie : 332 périrent sur les champs de bataille.

Après la Première Guerre mondiale, malgré l’interdiction officielle des Jésuites, un climat favorable permit leur retour officieux, avec le chanoine Briel à la tête du collège pendant 33 ans. En 1923, la revue Xavier fut lancée, témoignant de l’activité de l’établissement et de ses anciens élèves jusqu’en 1968.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le collège fut partiellement réquisitionné par les Allemands. De nombreux anciens élèves s’illustrèrent dans la Résistance : sept furent faits Compagnons de la Libération, et 116 donnèrent leur vie pour la France.

 

Le drame et le renouveau

Le 29 mai 1949, un incendie d’origine inconnue détruit la majeure partie des bâtiments, seules les chapelles sont épargnées. Un extraordinaire élan de solidarité permit de maintenir l’activité scolaire et d’entreprendre sans tarder les travaux de reconstruction qui dureront jusqu’en 1965. C’est dans ces conditions que le Père Jean du Rivau est nommé Recteur. Pionnier de la réconciliation franco-allemande, il ouvrira le collège sur le monde grâce aux échanges internationaux. Il fait venir au collège des répétiteurs étrangers, accueille des groupes d’élèves allemands et autrichiens et favorise les séjours au-delà des frontières. 

 

Au même moment, une innovation pédagogique essentielle est introduite dans le second cycle : le système des équipes. Les élèves sont réunis en équipes d’une douzaine d’équipiers autour d’une activité artistique, technique, scientifique, sportive ou sociale. Ces activités placées sous la responsabilité de moniteurs se pratiquent aujourd’hui un après-midi par semaine. Le système fait appel à l’autodiscipline et à la prise de responsabilité des élèves dans le bon fonctionnement de l’équipe et de l’activité. Autant de critère qui, avec la pédagogie de l’accompagnement, de l’excellence, de l’évaluation personnelle et communautaire, s’inscrivent dans les caractéristiques de l’éducation jésuite.

Evolution pédagogique et institutionnelle

Les années 1960 marquèrent des mutations majeures : hausse des effectifs, adaptation au Concile Vatican II et contrat d’association avec l’État. Les laïcs remplacèrent progressivement les religieux.

A partir de 1969, dans le cadre de la réorganisation de l’enseignement catholique sur le secteur de Vannes, les élèves du primaire laissent progressivement la place à de plus grands et à la rentrée 1971, le "petit collège », c’est-à-dire l’école primaire, a totalement fusionné avec l’école Jeanne d’Arc.

En 1970, le Père Emmanuel Lesage devint recteur du collège avec pour mission d'intégrer l’établissement à l’URIF (Union Régionale Île-de-France), un objectif qui prendra vingt ans à se concrétiser. En 1975, le XIᵉ Congrès Européen des anciens élèves des Pères Jésuites fut organisé au collège, renforçant son rayonnement.

Le 15 juin 1983, l’Association Saint-François-Xavier fut officiellement créée, conformément aux orientations de la Compagnie de Jésus, permettant une implication accrue des laïcs (enseignants, éducateurs, parents, et personnels) dans la gestion et la vie de l’établissement.

En 1985, le nombre d’élèves dépasse le millier et la mixité est introduite progressivement pour devenir complète à la rentrée 1990. 

Le 13 juin 1987, le collège-lycée Saint-François-Xavier a été admis à part entière au sein de l’URIF "en raison de son passé, de sa tradition et surtout de son désir actuel de maintenir et entretenir son caractère propre et son inspiration ignacienne". Ainsi, l’Union Régionale n’est pas une autorité extérieure et supérieure ; son but est d’aider l’association locale à maintenir sa finalité grâce à la solidarité d’autres associations, en particulier par l’envoi de délégués qui visitent l’établissement et peuvent apporter l’aide de leurs suggestions et conseils.

A la rentrée 1987, une page se tourne : le Père Dubromelle, dernier directeur jésuite laisse la place à Ronan Manac’h, ancien élève et professeur.

Les années 1990 ont été marquées par l’ouverture d’une classe de "Lettres Supérieures" et l’engagement d’une modernisation des équipements et des locaux. Désormais une grande salle de sport, un complexe de salles scientifiques et un nouveau self viennent compléter dans le parc les bâtiments historiques formant le quadrilatère.

Au mois de septembre 1997, Yves-Jean Thomas, précédemment directeur du lycée Sainte-Anne-d’Auray, est nommé à la tête du collège-lycée Saint-François-Xavier.

En mai 2000, la communauté éducative, les élèves, les équipes du lycée, l’association amicale des anciens élèves et les parents d’élèves ont célébré le cent-cinquantenaire de la fondation de l’établissement. Trois journées éclatantes, présidées par Volker Schlöndorff, cinéaste et ancien élève (promo 58), qui s’achevèrent en apothéose par la création dans la grade chapelle de l’Oratorio Saint-François-Xavier.

S’il n’est plus "jésuite", le collège-lycée Saint-François-Xavier entend continuer sa mission en restant un établissement ignacien qui prépare ses élèves aux nouvelles réalités du monde.

Jean-Christophe AUGER

 


Crédit photos : Fond archives municipales SFX